Un Home Theater de A à Z GENERAL : Partie 3 Le câblage

19 août 2005


Bon, çà y est, vous avez votre pièce. Vous avez soigneusement défini l'axe de projection, vérifié que l'éclairement pouvait être contrôlé, que l'acoustique était satisfaisante (parfois au prix de travaux, après avoir pris des conseils spécialisés), et vous êtes prêt à foncer chez un revendeur dont vous avez visité virtuellement le show-room sur CineNow !.
C'est à ce moment que vous devez faire (encore !) un autre choix : soit vous allez jusqu'au bout à « mettre les mains dans le cambouis », soit vous passez la main et vous mettez votre confiance dans le savoir-faire d'un installateur professionnel.
Pour des raisons que j'ai longuement évoquées dans ma première série d'articles (voir : « le Home Theater çà ne marche pas... »), je vous recommande cette dernière option : L'installateur n'en est pas à sa première installation. Vous, si !
Mais je sais bien que certains d'entre vous sont irréductibles, et en gaulois ancien ou récent, vont placer une partie de leur ego dans une réalisation toute personnelle.
A ceux-là, je propose de comparer leurs idées à celles que je vais exposer. Aux autres, je propose de lire la suite pour le fun, pour poser des questions embarrassantes à l'installateur qu'il ont choisi, ou encore pour mieux connaître une certaine approche du sujet.

L'ETAPE SUIVANTE: Le câblage

Tout le monde s'accorde à le dire, le câblage est important. Oui mais comment?
Déjà il faut garder à l'esprit une « règle de pouce » (traduit mot à mot de l'Anglais, je ne trouve pas d'équivalent en Français) qui dit qu'en audio comme en vidéo, 80% des pannes viennent du câblage.

La première qualité d'un câble est donc d'établir une liaison électrique fiable entre deux composants. La deuxième qualité d'un câble est que cette liaison soit aussi peu que possible de nature à perturber les signaux électriques que s'échangent les composants en question.

1) Considérations mécaniques
Le problème est qu'un câble se termine à chaque extrémité par deux connecteurs, ce qui est bien pratique : Sans ces connecteurs, il faudrait souder directement les extrémités des conducteurs sur les circuits imprimés. Je vous laisse imaginer...

Par définition, les connecteurs sont des discontinuités dans les câbles, ce qui introduit des problèmes mécaniques, et des variations brutales d'impédance.

Dans de nombreux cas, les standards de connecteurs sont définis par les appareils eux-mêmes.

Pas de chance, pour la S-vidéo c'est généralement la prise Ushiden (min-din 4 broches) qui est imposée. Quand elle est branchée et que la liaison fonctionne, n'y touchez plus jamais ! Cette toute minuscule prise n'a aucune solidité mécanique, ce qui est normal vu sa taille, et si on déplace, déconnecte ou reconnecte, on peut très bien plier une broche avant de s'en être rendu compte...

Extrait d'un commentaire pris au hasard sur un site « repaire.net »:
"Si la prise Péritélévision n'est pas d'une fabrication très soignée, la prise mini-Din 4 broches, appelée aussi Y/C ou Ushiden, n'est pas non plus sans reproche.
Pas facile à câbler, à intégrer à un panneau ou à un boîtier elle est souvent la cause de mauvais contacts.

LES CONSTRUCTEURS N'EN FONT QU'A LEUR TETE.
Bien des appareils audio vidéo sont pourvus de prises mini-din 4 broches, il n'est pas toujours facile d'y brancher un cordon. J'ai plusieurs appareils dont l'orifice de la prise est si étroit que la fiche YC bute sur le bord de la prise. Résultat, on ne peut pas enfoncer complètement la fiche dans la prise. La solution est de partir à la recherche d'un cordon dont les fiches sont étroites. Si vous le trouvez il y a de fortes chances que ce soit le coup de bambou. J'ai vu dans un grand magasin, ce même cordon à 189 francs.

Si vous tenez à garder votre ancien cordon, il vous faudra tailler les fiches comme on taille un crayon, avec un cutter. Seule façon de pouvoir enficher à fond cette fiche dans la prise."

Pour toutes les autres connections, assurez-vous que les câbles, la prise et l'embase sur les appareils sont mécaniquement compatibles. Par exemple, un très gros câble haut-parleur, plutôt rigide, comme on en trouve dans beaucoup d'installations Hi-Fi haut de gamme, va exercer une pression mécanique sur son propre connecteur (qui est peut-être, si le constructeur a un minimum de bon sens, dimensionné pour), mais aussi sur le connecteur de l'enceinte et sur celui de l'amplificateur. La plupart des sorties HP des ampli processeurs du marché ne sont pas faites pour subir la contrainte mécanique de très gros câbles rigides.

Dans ce cas, le premier stade de problème sera une dégradation de la liaison, les soudures internes des connecteurs de l'ampli se détériorant, et le stade suivant sera la panne.

Un autre problème fréquent lié au câblage est l'arrière du « processeur » ou de l'ampli A/V intégré. Un nombre de câbles impressionnant se raccordent sur un même panneau. Dans ces câbles, on trouve différents diamètres, différents connecteurs, et des câbles qui suivant la position de leur autre extrémité ont plus ou moins de « mou ».



Le résultat, c'est qu'une fois le système câblé, on se retrouve avec quelque chose de plus ou moins bien connecté à l'arrière de l'appareil qui s'apparente à un hybride entre une jungle miniature et un plat de spaghettis.
Là se trouve une étape décisive de votre installation: pour que ce soit réussi, il faut impérativement respecter les règles suivantes:

Placer tous les appareils de manière que l'on puisse accéder à leur face arrière sans acrobatie ni contorsion. Un chariot mobile peut permettre de les placer dans un meuble fixe. Laisser un espace dégagé et visible derrière leur face arrière. Au besoin, un petit miroir judicieusement placé peut aider. Vérifier qu'aucun câble n'est tendu. Vérifier que chaque connection est mécaniquement ferme et stable Rassembler tous les câbles allant à un appareil à l'aide d'une spirale en plastique : tous ensemble, les câbles ont une meilleure tenue mécanique qu'isolément.

2) Considérations électriques
Les considérations électriques sont de trois ordres:

La qualité des contacts L'impédance La conductivité

La qualité des contacts est essentielle: elle concerne essentiellement la quantité de surface des plots de la prise en contact avec les plots de l'embase. Plus cette surface est grande, plus le contact est fiable.
A contrario, un contact de faible surface va avoir plus de risques de se défaire sous une contrainte mécanique, et ce typiquement de façon intermittente. De plus, un contact de surface plus faible en permanence ou de façon intermittente que la section de l'un des câbles (amont ou aval) risque de créer une discontinuité d'impédance nuisant à la propagation du signal.

L'impédance nominale doit être respectée pour certaines liaisons: Les liaisons vidéo doivent se faire en 75 Ohms, comme les liaisons numériques pour les formats encodés (DD, DTS, PCM). Les formats AES/EBU requièrent 110 Ohms, mais on ne les trouve que très rarement en Home Theater.
Pour les autres liaisons, aucune impédance normalisée ne doit être prise en compte. Les liaisons symétriques audio étaient normalisées à 600 Ohms, héritage historique des lignes téléphoniques. Ceci n'est plus d'actualité, on peut utiliser en liaison symétrique tout câble trois conducteurs (2+blindage) de faible impédance.

La conductivité doit, tout simplement, être maximum. Les supraconducteurs n'étant pas encore accessibles, on se contente du bon vieux cuivre. Cela dit, certains dépensent des fortunes dans des câbles en argent. Pour simplifier les choses (j'entends déjà les ésotéristes hurler que les câbles sont tout sauf simples...), plus le câble est court et de forte section, plus il est conducteur. Cela dit, plus il est de forte section par conducteur isolé, plus « l'effet de peau » en augmente l'impédance à haute fréquence.

L'effet de peau fait que pour chaque conducteur, le centre devient de moins en moins conducteur à mesure que la fréquence augmente, seule la périphérie restant passante. Comme la périphérie conductrice présente une section qui ne cesse de se réduire quand cette fréquence augmente, le câble devinent de plus en plus résistif. Or, l'effet de peau se manifeste à une fréquence inversement proportionnelle à la section du conducteur...
Si vous n'avez pas tout suivi, je vous donne tout de suite le remède: Pour avoir un câble de bonne section sans effet de peau atténuant excessivement les fréquences aiguës, on utilisera un câble mettant en parallèle quantité de brins conducteurs très fins, isolés individuellement par une couche d'émail.
L'autre avantage d'un câble fait de nombreux brins fins est qu'il est mécaniquement beaucoup plus souple que ceux qui ont moins de brins. Ceci préserve les contacts...

3) Considérations parasites
Eh oui, les parasites sont une bien mauvaise chose pour nos tout petits signaux... Bon, pour les signaux alimentant les haut-parleurs, qui sont faits de tensions relativement élevées se propageant sur des distances relativement courtes, il n'y a pas de vrai problème.
Sur les signaux des lignes audio ou vidéo, atteignant au maximum 1volt pour la plupart, c'est autre chose.
La réponse ésotérique consiste à faire des câbles archi-blindés coûtant une fortune et aux propriétés mécaniques épouvantables.


Exemple de câble « ésotérique »

 

Les pros de l'audio, confrontés depuis longtemps à des problèmes tels que faire passer un signal dans une ligne de 100m ou plus sans « ronflette » parasite, ont adopté une solution bien plus radicale: La ligne symétrique.
En résumé, il s'agit de doubler le signal sur deux conducteurs voisins. Sur l'un des conducteurs, le signal est inversé en phase deux fois, une fois à chaque extrémité de la ligne.
De ce fait, les signaux se retrouvent en phase, sauf dans les conducteurs où leurs polarités sont inverses.

 



Survient un parasite...
Comme les conducteurs sont très voisins (ils sont dans la même gaine), le parasite est le même sur les deux conducteurs. Arrivé au bout de la ligne, le parasite se retrouve additionné à lui-même, mais inversé en polarité. Il s'annule donc tout simplement...
En pratique, seuls des appareils haut de gamme offrent des entrées et sorties audio symétriques dans le domaine « consumer », cette technique étant nettement plus répandue dans le monde professionnel.
Rassurez-vous, la ligne symétrique n'est pas du tout nécessaire, ni même utile en principe, sur des cordons de moins de 2m de long.
Pour des liaisons atteignant 10m, çà peut devenir très utile. Pour le savoir, c'est très simple: branchez tout votre système, avec tous les contrôles de volume à fond, mais sans signal.
Si vous entendez un souffle, c'est normal. Si, par contre vous entendez un grésillement ou un bourdonnement permanent, c'est un parasite.
Il est toujours possible de symétriser une ligne défectueuse sans changer les appareils à l'aide de deux boîtiers d'interface spécialisés que l'on trouve chez des revendeurs d'équipements audio professionnels.

4) Il est temps de faire un plan
Jusqu'à présent, on s'est contenté de considérer. Maintenant, il faut passer à l'action.
On va commencer par tracer un synoptique avec tous les composants prévus dans le système, même s'ils ne sont pas clairement identifiés (marque, modèle).

Nous avons au minimum:

Lecteur de DVD « Receiver » (ampli-préampli-processeur intégré) Projecteur vidéo Subwoofer 5 enceintes acoustiques, Désolé, vous ne pouvez faire un Home Theater avec moins...

Vous aurez peut-être aussi: Magnétoscope, éventuellement DVHS Ordinateur Caméscope ou camera numérique 2 enceintes de plus Préampli-processeur et plusieurs amplificateurs séparés Filtres actifs audio Scaler vidéo Télécommande filaire intégrée Ecran électrique commandé par trigger

Je ne vous parle pas du multiroom...

Franchement, si vous ne faites pas un synoptique, vous êtes foutu!
Vous pouvez vous contenter de représenter chaque appareil par un simple carré. L'essentiel est de représenter chacune des liaisons reliant tous ces appareils, avec sa longueur mesurée, augmentée

de 50 cm pour tout cordon inférieur à 2m d'1 m pour tout cordon supérieur à 2m. Pour mesurer la longueur du cordon, vous devez clairement repérer par où il va passer, sans négliger les montées, les descentes, les aléas, et ne jamais oublier la règle de Mr. Murphy:

 

UN CABLE COUPE A LA BONNE LONGUEUR EST TOUJOURS TROP COURT!!!

Une fois que cet exercice est fait, refaites-le à l'envers. Si le résultat n'est pas exactement le même sur un ou plusieurs câble(s), vérifiez.
Attention: en ce qui concerne les câbles HP des trois enceintes frontales, il est de bon ton d'utiliser la même longueur de câble pour chaque. Choisissez la plus grande longueur comme référence, évidemment...
Ceci n'est absolument pas indispensable pour les surround, pour lesquels l'influence du facteur d'amortissement est de bien moindre importance (d'ailleurs, il n'est pas non plus utile d'essayer d'utiliser des câbles courts et de grosse section, ce qui pourrait être physiquement problématique. Réservez de tels câbles pour les enceintes « d'écran »).

Un dernier détail: Il existe des câbles HP de qualité très convenable qui ont la particularité d'être plats.



S'ils montent du sol ou descendent du plafond jusqu'à vos enceintes, ils resteront très discrets. Pous pouvez les peindre de la même couleur que la surface sur laquelle ils sont fixés, la peinture est sans danger pour les « micro-informations »...

Lire aussi :
-Un Home Theater de A à Z PRO Partie 1
-Un Home Theater de A à Z PRO Partie 2
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