L’heure du grand bilan approche.
Annoncé comme politique, le festival n’a pas dérogé à ce pronostic. Toutes sections confondues, il a donc souvent été question des soubresauts du monde, du quotidien meurtri par les bouleversements du siècle naissant. Peu d’amour, peu d’humour, peu d’espoir, Cannes est loin du monde tout en en devenant le centre éphémère. Pour le moment, pas encore de grande découverte, mais des films honnêtes, bien écrits, bien filmés, mais dont le réalisme affiché durant ces dix jours fait regretter un certain manque de souffle romanesque.
Adoration d’Atom Egoyan avait de fait de quoi déboussoler tant le scénario y est visible, travaillé, forçant le spectateur à démêler les fils d’une sombre histoire mêlant fondamentalisme religieux, critique du monde virtuel et affres de l’adolescence.
Les adolescents sont également au cente du dernier film français de la compétition. Entre les murs est le journal filmé d’un professeur de français d’un collège de l’Est parisien. L’adapatation du livre éponyme de François Bégaudeau, lui-même enseignant et jouant ici son propre rôle, est d’une belle franchise, sans esbrouffe, ni effet, la classe de jeunes collégiens parvenant à faire exister le film pendant plus de deux heures avec un scénario à priori ténu. Belle écriture pour une belle aventure que l’on verrait figurer avec plaisir au palmarès pour ce film retenu in extremis par Thierry Frémaux, délégué général du Festival de Cannes.
Il ne reste plus que deux films à venir, la rumeur attribuant pour le moment la palme au film d’Eastwood ou aux frères Dardenne.
Signalons enfin à Un certain regard un beau film venu du Kazakhstan, Tulpan de Sergeï Dvotssevoy, où la vie simple des nomades a charmé des festivaliers blasés et épuisés.
Cannes peut d’un côté huer un film de Garrel et de l’autre applaudir à tout rompre une scène d’agnelage en plein désert….