Bonne surprise ce matin à la Quinzaine des Réalisateurs avec un film belge particulièrement drôle et sensible. Eldorado raconte le voyage de deux marginaux, celui d’un garagiste solitaire et d’un drogué en pleine repentance traversant le plat pays à bord d’une antique Chevrolet. C’est un road movie d’une belgitude totale, décalée, assumée jusque dans ses délires les plus fous et les plus maîtrisés.
Beaucoup d’émotion également avec La Vie moderne, troisième volet documentaire de Raymond Depardon consacré aux paysans. Cannes, drôle d’endroit pour une rencontre avec des paysans des Cévennes et de Haute-Saône, où les rires du public cadrent parfois mal avec le respect du réalisateur pour ces femmes et ces hommes de la terre.
En sélection officielle, 24 City du chinois Zia Zhang Ke, est un documentaire dont l’aspect formaté n’est qu’apparence, car la fiction vient rapidement brouiller la sage installation de ce récit de la fin de l’ère industrielle. Là encore, beaucoup d’attention et de respect pour une humanité désemparée face aux mutations agressives de notre siècle.
Autre documentaire aux confins de la fiction et du documentaire, Je veux voir, film libanais où Catherine Deneuve se rend dans le Sud du Liban. Quelques mots échangés dans une voiture avec un acteur libanais autour de Belle de jour et c’est tout le cinéma qui réenchante le monde.
Avec Vicki Cristina Barcelona, Woody Allen joue avec brio des clichés espagnols, réussissant à faire exister cet étonnant trio : Penélope Cruz, Javier Bardem et Scarlett Johansson. Mais le pauvre Woody avait l’air un peu perdu lors de la montée des marches, son égérie n’ayant pas souhaité faire le déplacement jusqu’à Cannes. Il n’empêche que la « soirée Woody Allen » était la plus recherchée et la plus inaccessible de la nuit cannoise juste après la fête Europacorp, celle de Luc Besson où les happy few étaient amenés à franchir cet éphémère portail plein de promesses…