Festival de Cannes 2010 : J11, de l’art du pronostic

22 mai 2010


Entre l’ Oncle Boonmee qui se rappelle ses vies passées d’Apichatpong Weerasethakul et Fair Game de Doug Liman, l’écart est abyssal.
D’un film ésotérique aux marges de l’art contemporain à un blockbuster profilé pour rassembler le plus grand nombre, la palette cinématographique de la compétition officielle rend complexe les pronostics. Difficile pourtant de résister à ce rituel de fin de Festival.

The Exodus, Burnt by the Sun 2 de Nikita Mikhlakov accusé de soutenir le régime de Poutine ou Hors-la-loi de Rachid Bouchareb, ridiculement mis en cause pour sa vision non officielle de la guerre d’Algérie, risquent d’être mis hors jeu pour absence de consensus politique. Tournée de Mathieu Amalric dépasse difficilement le stade de l’amusement alors que La Nostra Vita de Daniele Luchetti pêche par conformisme malgré un accueil chaleureux de sa projection officielle. My Joy est jugé trop radical dans sa forme au même titre que l’ Oncle Boonmee qui se rappelle ses vies passées (malgré ses beaux plans de buffles dans la brume). Quant au Kiarostami, il a beaucoup déçu. Et ce n’est pas le très énigmatique Frankenstein Project (Hongrie) qui devrait changer la donne. Mais qui donc reste en course ?

Plébiscité par les critiques, Another Year de Mike Leigh continue sa course en tête du classement. Si la distinction suprême lui échappe, son actrice principale ne devrait pas partir les mains vides. Des dieux et des hommes de Xavier Beauvois s’est également imposé avec le récit bouleversant de ces moines entrés avec douceur dans la résistance. Même s’il n’a pas le profil d’un film à palme, il devrait figurer quelque part dans le palmarès 2010. Poetry de Lee Chang Don bénéficie par ailleurs de bons échos.

Shit Year

Du côté de la Quinzaine des Réalisateurs, pas de compétition mais pas de grandes surprises non plus. Se détache Le Quattro Volte de l’Italien Michelangelo Frammartino et quelques belles séquences du très indépendant Shit Year de Cam Archer où Ellen Barken se met joliment en danger. Beaucoup de films se caractérisent par une lourdeur des situations ajoutant du malheur au malheur, comme le récit de cette pauvre jeune femme qui insémine des porcs alors qu’elle-même est mère porteuse d’enfants vendus à des couples stériles (The Tiger Factory de Ming Jin Woo). Appréciez la finesse. Le buzz est venu de la présence de Mick Jagger pour le documentaire consacré aux Rolling Stones : Stones in exile.

Mais le vrai buzz est attendu dimanche soir avec un président de jury qui avouait n’avoir pas vu de films depuis plus de trois ans. Tim Burton devrait encore nous surprendre.


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