Trop attendu. Trop fantasmé. The Tree of Life de Terence Malick, forcément, a déçu.
Salle bondée, marches foulées à vive allure, tension palpable des vigiles à chaque contrôle. Ce devait être l’événement. A l’issue de deux heures et dix-huit minutes de projection, le film est accueilli par des huées ponctuées d’applaudissements tiédasses.
Comme pour nous prévenir, le producteur du film avait pourtant répété à l’envi que le projet de Terence Malick ressemblait davantage à un poème qu’à un authentique scénario. Poésie donc pour ce récit familial traversé par la mort d’un enfant, voyage mystique entre passé et présent. Omniprésence de voies célestes, égarements dans des strates de temps préhistorique, caméra baroque lancée dans les dédales des cœurs et des âmes, The Tree of Life ressemble à une pluie d’orage ruisselant de sons et d’images et nous laisse abasourdis.
Cannes est peut-être un endroit trop dangereux pour un film aussi atypique. Les fans de Brad Pitt seront certainement décontenancés par cet exercice de métaphysique qui ferait presque passer 2001, Odyssée de l’espace pour une comptine pour enfants.
La Semaine de la Critique annonce la venue d’un nouveau Terence Malick : Jeffs Nichols. Son Take Shelter est une vraie réussite. Cette histoire d’un père de famille en proie à d’horribles cauchemars paranoïaques est saisissante. Le sens de l’espace, la valeur métaphorique, la direction d’acteurs et son intérêt pour le peuple américain de la petite classe moyenne en font déjà un temps fort du festival 2011. Un lien existe entre le film de Malick et celui de Nichols : Jessica Chastain, une comédienne qui devrait marquer le cinéma américain des prochaines années.